Les cérémonies commémoratives des événements de juillet 1944 se sont poursuivies cet été dans le Vercors. Le 21 juillet, outre les manifestations de Vassieux-en-Vercors, une rencontre a été organisée au Désert de l’écureuil, dans la commune de Seyssinet-Pariset aux portes de Grenoble, sous l’égide de son nouveau maire, Guillaume Lissy. En comité restreint, on y a commémoré la mort de dix résistants, dont cinq étaient d’origine polonaise, fusillés par les Allemands. « Commémorer, c’est militer, c’est transmettre ; commémorer; c’est préparer l’avenir », disait notamment Guillaume Lissy.
Le 29 juillet, c’est à Malleval-en-Vercors que se déroulait une nouvelle cérémonie. Dans un contexte doublement particulier : la crise sanitaire, comme partout, mais aussi l’absence d’élus municipaux. C’est que, faute de candidats lors de la dernière élection municipale, la commune est dirigée par une délégation spéciale dont les membres ont été désignés par le préfet de l’Isère le 29 juin dernier.
Il revenait donc au président de cette délégation, François Langlois, de prononcer une allocation lors des deux rendez-vous de la journée (*).
Au lieu-dit Patente, devant la stèle qui porte les noms d’Antoine Sanlaville et de Joseph Gervasoni, Jean-Jacques Kempf, maire honoraire ouvrit la cérémonie avant de laisser la parole à François Langlois. Ce dernier évoqua la fin tragique de ces deux résistants. A la suite de la trahison d’un milicien infiltré dans le groupe de résistants qui tentait de quitter le plateau occupé par les Allemands, une embuscade leur était tendue au hameau des Belles, dans la commune de Malleval. Il y échappèrent et furent capturés peu après, et fusillés à Patente. Après avoir évoqué leur mémoire, François Langlois déclarait : « ils ont combattu pour la liberté, contre le racisme, l’exclusion, la barbarie. Leur combat n’a pas été vain, leur mort n’a pas été inutile. Grâce à eux, la France – dans l’Union européenne – a pu se reconstruire, mettre en œuvre le programme du Conseil national de la résistance, créer une société plus juste, plus égalitaire, plus fraternelle. Leur souvenir doit nous aider à poursuivre dans cette voie, malgré les obstacles, doit nous aider à rester mobilisés contre toutes les formes de racisme, d’injustices, d’exclusions qui renaissent ici et ailleurs. Nous leur devons beaucoup, sachons être dignes de leur engagement. »
Il céda ensuite la parole au fils d’Antoine Sanlaville, qui avait sept mois au moment de la disparition de son père.
La seconde cérémonie se déroulait sur les lieux de l’embuscade, au hameau des Belles. Quatre résistants y furent passés par les armes : Jean Cheval, Camille Lacour, Maxime Mayet et Félix Tonneau. François Langlois décrivait le parcours de ces hommes qui venaient tous de Romans-sur-Isère. Puis il déclarait : « Se souvenir, ce n’est pas seulement se recueillir, déposer une gerbe, c’est aussi poursuivre, aujourd’hui, à notre manière, leur engagement pour plus de liberté, plus d’égalité, respecter les hommes et les femmes, quelle que soit leur origine, leur mode de vie, leur condition. Honorer ces soldats de la liberté, c’est aussi faire en sorte que leur engagement garde du sens, c’est à dire qu’ici à Malleval vous puissiez vivre en paix, solidaires, disponibles pour participer à la construction d’un monde meilleur, pour nous et nos descendants. »
A Malleval comme dans l’ensemble des lieux de mémoire du Vercors, les cérémonies commémoratives des combats de l’été 1944 ont su garder toute leur acuité malgré le contexte inédit de cette année 2020.
(*) Des cérémonies auxquelles ont assisté de nombreuses personnalités parmi lesquelles Laura Bonnefoy et Bernard Perazio, conseillers départementaux ; Raphaël Mocellin, maire de Saint-Marcellin ; Jean-Yves Balestas, député suppléant ; Robert Veyret, ancien conseiller général de l’Isère ; Philippe Portal, secrétaire général de la préfecture; Jacques Adenot, président du parc régional du Vercors ; Patrice Ferrouillat, maire de Cognin ; Sophie Borel, premier adjoint ainsi qu’une délégation de l’association des Pionniers du Vercors conduite par Alain Carminati, la présidente de l’association des Maquis de l’Oisans et les membres du Souvenir français, René Blay et Yves Gauzentes.