Les vingt fusillés du cours Berriat


Le 14 août 1944, vingt jeunes qui avaient été arrêtés par les Allemands sur le plateau du Vercors ont été abattus à Grenoble.


Début août 1944. Le débarquement allié a eu lieu en Normandie. Une répression féroce vient de s’abattre sur le maquis du Vercors et les populations civiles. Les exécutions, les exactions de toutes sortes, les arrestations se sont multipliées. Parmi ces dernières vingt jeunes issus de Villard-de-Lans, Méaudre et Autrans.

Hubert Anaud, maire d’Autrans Méaudre, lors de la cérémonie commémorative à Autrans.

Nous sommes le 14 août. A la veille du débarquement de Provence du 15 août, à l’avant-veille de la libération de Grenoble, sept jours plus tard, le 22 août.

Ce 14 août, deux soldats allemands sont abattus par des résistants à Grenoble. Les forces d’occupation allemandes en tirent prétexte pour une nouvelle effusion de sang, une fois encore, comme toujours depuis les débuts de l’occupation. Vingt jeunes hommes sont sortis de la caserne de Bonne et abattus par groupe de cinq, à la rafale de mitraillette. Les Allemands interdisent de toucher les corps pour les laisser exposés à la vue des passants afin de terroriser la population.


Ce sinistre événement, chaque année, est commémoré à Grenoble, sur les lieux de l’exécution, au croisement du cours Berriat et de la rue Ampère. Il l’est aussi à Villard-de-Lans, Méaudre et Autrans.

Hubert Arnaud et Pierre Buisson, représentant de l’association des Pionniers, à Autrans.

La commémoration avait cette année une dimension inhabituelle, avec la présence des acteurs de la compagnie Créarc qui ont lu des textes de fiction, composés par l’écrivain Fernand Garnier à partir de témoignages pour évoquer la mémoire de deux des otages abattus par les soldats allemands.

Cette cérémonie 2024 a également été marquée par l’allocution de Daniel Huillier, président national de l’Association nationale des pionniers et combattants volontaires du maquis du Vercors, familles et amis. « Rappeler le sacrifice des vingt jeunes du Vercors est un devoir pour dire et redire ce que fut l’esprit de leur lutte. C’est un devoir pour moi qui ai vu leurs corps ici, une heure après leur exécution, sans savoir à cet instant que c’étaient mes copains qui étaient tombés », disait-il – il n’a su qui ils étaient que deux jours plus tard, en remontant sur le plateau du Vercors.

Dépôt de gerbe de la mairie et de l’association des Pionniers à Méaudre.

Daniel Huillier notait encore que cette cérémonie permet aujourd’hui quelques rappels historiques nécessaires : « L’été de la Libération c’est celui de l’insurrection ; contre l’occupant certes, mais aussi contre la collaboration qui s’est installée dans notre pays depuis octobre 1940. La collaboration, ce n’est pas seulement soutenir l’Allemagne, c’est faire disparaître la République, la démocratie, la liberté de penser.

C’est faire disparaître l’égalité entre les hommes, c’est promouvoir le racisme et l’antisémitisme et leurs conséquences abominablement criminelles.

Nous savons tous que ce combat n’a pas cessé le 8 mai 1945, et qu’il est toujours d’actualité. Encourager les discriminations, quelles que soient les minorités visées relève du même processus dégradant. »

« Se rassembler aves des drapeaux et une gerbe de fleurs, ce n’est pas sacrifier à un simple rituel, c’est mobiliser des symboles pour rendre hommage à tous les combattants de la Liberté.

Au pied de leur Vercors, cette montagne qu’ils ont regardé une dernière fois avant de tomber, ils ont rallumé la lumière de la liberté, de l’égalité, de la fraternité, la lumière de la République », concluait Daniel Huillier.

Elus et représentants des corps constitués à Méaudre.
Porte-drapeaux à Méaudre.