Le 16 avril dernier, Emmanuel Macron a présidé à Vassieux-en-Vercors une cérémonie officielle en mémoire des résistants et des victimes civiles des attaques de la Milice pétainiste et des combats du Vercors. C’est le premier président de la République à rendre cet hommage, 80 ans après les combats de l’été 1944.
Le 26 septembre 1963, le général de Gaulle avait fait une halte à la nécropole de Vassieux, dans le cadre d’un déplacement dans la Drôme, sans y prononcer d’allocution. Ce 16 avril 2024, Emmanuel Macron était ainsi le premier président de la République à venir à Vassieux-en-Vercors y présider une cérémonie.
Cérémonie en deux temps. Le président s’est d’abord rendu à la nécropole nationale de Vassieux avant de se rendre au village, devant le martyrologe de la place de Vassieux, pour y prononcer une allocution puis échanger quelques mots avec les habitants de la commune.
C’est la date du 16 avril que la présidence de la République avait choisie pour cet hommage à la résistance et non pas celle du 21 juillet, qui marque l’anniversaire de l’attaque allemande contre le maquis, en juillet 1944. Une attaque conduite par 10 000 soldats allemands par la plaine de Villard-de-Lans et Valchevrière, par les pas de l’Est et directement sur Vassieux-en-Vercors, en utilisant des planeurs qui surprennent les résistants.
Cette date du 16 avril rappelle une incursion meurtrière, perpétrée par la Milice du pouvoir pétainiste. Le 16 avril 1944, les miliciens sont montés sur le plateau pour tuer, torturer, des résistants qui avaient été dénoncés. Des fermes furent brûlées, trois résistants fusillés. « Ici, il y a 80 ans, des Français ont tué d’autres Français, car ils refusaient cette certaine idée de la France ici rétablie », déclarait ainsi Emmanuel Macron dans son allocution, faisant ainsi allusion au rétablissement de la République française, déclarée le 3 juillet 1944 sur le territoire libre du Vercors par le commissaire de la République Yves Farge.
Un propos qu’Emmanuel Macron élargissait pour l’expliciter, non sans résonance avec l’époque contemporaine : « Français prêts à tuer d’autres Français et avec eux, cette certaine idée de la France. Français rongés par l’esprit de défaite, inséparables de la haine de la République, car ce n’était pas seulement un temps où les Français ne s’aimaient pas », disait-il avant de poursuivre : « C’était aussi un temps où des Français n’aimaient pas la France. Oui, ceux-là n’aimaient pas la France des Lumières, celle de 1789 et de l’an 2. Ils n’aimaient pas Voltaire, Rousseau, Hugo et Zola. Ils n’aimaient pas de Gaulle et l’esprit de résistance. Non, ils n’aimaient pas la France, alors ils ne pouvaient aimer la République du Vercors. Souvenons-nous aussi de ces Français, de leur choix et de leurs fautes. Dans l’âme de chaque Français, le chemin du Vercors doit être remémoré. Vertige de l’abaissement ou sursaut vers la cime ? Ce chemin du Vercors est le nôtre, une route de montagne qui sépare l’adret et l’ubac. Le côté au soleil et le côté de l’ombre, telle est notre dette à l’égard de ceux du Vercors. Les résistants, ici, avaient choisi la France libre, notre soleil. »
Avant le président de la République, Thomas Ottenheimer, maire de la commune, s’était adressé aux Vassivains. « À vous, enfants de Vassieux, à vous descendants de victimes, cette cérémonie vous est due. C’est la France toute entière qui est à vos côtés. (…) Aux nouvelles générations, l’honneur qui est fait à notre commune, nous oblige (…) à un devoir d’apaisement et de rassemblements. Les noms gravés dans ce martyrologe nous rappellent où nous mènent la haine, l’intolérance et l’incapacité à dépasser nos différences et nos différends. (…) L’engagement des combattants du Vercors fut d’une exemplarité sans faille et sans faiblesse. »
Ce déplacement officiel du président de la République s’est achevé par un bain de foule, parmi les sept cents invités rassemblés sur la place du village.
Une journée qui restera assurément dans les mémoires avant la cérémonie du 21 juillet 2024 qui marquera le 80e anniversaire de l’assaut allemand sur Vassieux-en-Vercors.