Le père Pierre Lambert est ce que l’on appelle une figure du département de la Drôme. Une personnalité incontournable, qui reste dans les mémoires comme le « curé du Vercors ».
Mais Pierre Lambert a eu plusieurs vies. Il compte parmi ceux qui furent à l’origine de la création de la station de ski de Font-d’Urle, par exemple. Sportif accompli devant l’éternel, il est l’auteur de deux allers et retour de Valence à Rome en vélo. Une autre vie encore : celle qui lui doit aujourd’hui, en allant sur le chemin de ses 96 ans, d’avoir reçu des mains de Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée auprès de la ministre des Armées chargée de la Mémoire et des anciens combattants, les insignes de chevalier de la Légion d’honneur. Une cérémonie qui s’est déroulée le 4 mars dernier dans les salons de la préfecture de la Drôme, en présence de nombreux amis et personnalités parmi lesquelles les représentants de l’association des Pionniers du Vercors à laquelle il est resté fidèle depuis la Libération.
Né à Valence, Pierre Lambert a quinze ans quand les troupes allemandes envahissent le pays. Jeune scout, les gestes de résistance sont pour lui comme une évidence. A la sortie des messes de Valence, il distribue le journal clandestin, Témoignage chrétien. C’est en 1943, à l’âge de 18 ans, qu’il monte au Vercors. « J’ai passé toute mon adolescence sous l’Occupation et je n’avais qu’une envie, c’était d’aider les Allemands à rentrer chez eux ! Pour cela, il n’y avait qu’une solution, c’était d’entrer dans la Résistance. Je voulais aider la France à se sortir de l’ornière », dit-il sobrement.
Missions de sabotage et d’approvisionnement, convoyage de maquisards, réception de parachutages, surveillance, renseignements… le jeune résistant multiplie les missions à haut risque. Lors de verrouillage du massif dont l’ordre fut donné le 9 juin 1944, il est en poste près du col de Tourniol. En août 44, il participe à la libération de Valence puis combat en Maurienne.
C’est après la guerre qu’il entre au séminaire, à l’âge de 21 ans. « Ma vocation m’a été confirmée par mon vécu pendant la guerre. Mes camarades pensaient surtout aux filles et à se saouler et ils avaient besoin qu’on les aide à regarder un peu plus haut, vers le Ciel », confie-t-il au site d’informations proche de l’église catholique, Aleteia. Ou encore : « J’ai vécu beaucoup de choses avant de rentrer au séminaire. Les copains me demandaient pourquoi je voulais être prêtre. Je leur répondais que c’était à cause d’eux. Qu’il faut bien quelqu’un pour les aider à relever la tête. »
Ordonné prêtre en 1951, il occupe différents postes d’abord dans le Royans. Il choisit la fonction de vicaire pour pouvoir s’occuper des mouvements de jeunesse. A 46 ans, il arrive à Nyons, curé de la paroisse. C’est en 1986 qu’il devient curé du Vercors. Il prend sa retraite en 2016 après s’être consacré à l’aumônerie de sa maison de retraite à Valence.
« Une personne déterminée dans ses engagements personnels », dira Geneviève Darrieussecq, après avoir remis la Légion d’honneur au père Lambert. Pour le moins, en effet.
Daniel Huillier, président national des Pionniers du Vercors, Alain Carminati, trésorier, Henri Cheynis, porte-drapeau national, madame Cécile Gallavardin, monsieur Antoine Huet ainsi que messieurs Taravello, père et fils, de la section Romans / Bourg-de-Péage étaient présents lors de cette remise de décoration ainsi que les plus hautes autorités de la préfecture de la Drôme. Le père Pierre Lambert est membre d’honneur de l’association des Pionniers du Vercors.