Le 22 août 1944, Grenoble était libérée de l’occupation allemande. Le 75e anniversaire de cet événement a été commémoré à la Presqu’île, à l’hôtel de ville et au Jardin de ville. En rappelant la découverte des charniers du Polygone.
Ce jour-là, la liesse populaire se fit stupeur, puis deuil. Grenoble était libérée le 22 août 1944. Quatre jours plus tard était découvert le premier charnier du Polygone. Deux jours après, le second. Quarante-huit Résistants, des civils pris en otages, fusillés les 13 juillet et 11 août, sommairement ensevelis dans des trous creusés par des bombardements.
« Les corps, dans un état horrible, sont transportés au siège de la Croix Rouge, rue docteur Mazet, explique Eric Piolle, maire de Grenoble, le journal Les Allobroges publie une description des victimes ». Seules 32 d’entre elles pourront être identifiées, seize resteront à jamais portées disparues. « Il y avait là des jeunes des maquis, un médecin FTP roumain, des ouvriers de la Viscose, un étudiant polonais, un aumônier, un industriel de Voiron, le patron d’un café grenoblois, un avocat… », rappelle le maire.
Cette découverte et l’effarement de toute une ville étaient au centre de la commémoration du 75e anniversaire de la Libération de Grenoble, qui s’est déroulée le 22 août dernier. Une cérémonie en plusieurs temps, devant le monument aux morts de l’avenue des Martyrs – à la Presqu’île – puis à l’hôtel de ville de Grenoble et enfin au Jardin de ville. Rassemblements suivis par de nombreux Grenoblois, notamment par les familles des Résistants et celles des victimes.
Sur le monument du Polygone, une plaque a été dévoilée par le maire et les familles des victimes. Elle rappelle la découverte des fosses communes. Une autre plaque a été inaugurée au Jardin de ville. Elle rappelle que les parachutistes de la section du 1er bataillon de choc commandée par l’aspirant Muelle fut, aux côtés des maquisards FFI, la première à entrer dans Grenoble, le 22 août 44, ouvrant les portes de la ville aux troupes alliées – qui, avec le concours des maquis des Alpes y parvinrent en sept jours là où trois mois avaient été envisagés pour cette avancée.
C’est dans les salons de l’hôtel de ville que furent prononcés les hommages aux Résistants et à la population de l’agglomération grenobloise dont l’engagement fut reconnu par l’élévation de la ville de Grenoble au titre de Compagnon de la Libération – aux côtés de quatre autres, Vassieux-en-Vercors, Paris, Nantes et l’Île de Sein.
Le préfet de l’Isère, Lionel Beffre, livrait ainsi ces chiffres: « Grenoble, ce sont 840 fusillés, 1150 déportés dont la moitié ne reviendront pas, plus de deux mille tués et autant de disparus ».
Un sacrifice de ceux « qui nous ont rendu notre humanité au prix de leur vie » dont Eric Piolle soulignait l’importance du souvenir, 75 ans après. « Le parti de la haine et du racisme est toujours là, disait-il, il cherche toujours à diviser en fonction de la couleur de peau, de la religion… la Résistance est et restera pour nous un repère immuable et je ne cèderai rien à la haine. »
Cette rencontre à l’hôtel des ville fut aussi l’occasion de découvrir le beau film, Ils se souviennent du 22 août 1944, réalisé par l’Union nationale des association de déportés, internés et familles de disparus Isère (Unadif), qui livre des témoignages de Grenoblois ayant vécu la libération de leur ville. Le récit des affrontements du Pont-de-Claix, cette anecdote de la section allemande qui se rendit aux maquisards à l’Île verte à la demande d’un jeune agent des PTT qui leur déclara sans crainte qu’il serait stupide que des coups de feu soient tirés ce 22 août… Un film, mais aussi une belle exposition de photos inédites de la libération de Grenoble, qui l’on put voir dans les salons de l’hôtel de ville.
Une journée marquante pour la mémoire et le souvenir de ce que furent l’horreur de l’occupation et le courage de ceux qui la combattirent.