Septembre 1943. Les troupes d’occupation italiennes quittent Grenoble et les zones qu’elles occupaient dans le sud-est de la France, à la suite de la signature de l’armistice signé entre les Alliés et le général Badoglio.
L’occupation devient allemande. Elle durera de septembre 43 à la Libération, en août 44. Et les forces de répression se mettent aussitôt à l’œuvre. entre les 25 et 30 novembre 1943, en une semaine, les principaux responsables et chefs de la Résistance grenobloise et iséroise sont assassinés sur ordre de la Gestapo de Lyon, avec l’aide du collaborateur Francis André.
Cette vague répressive restera dans l’histoire sous le nom de « la Saint-Barthélémy grenobloise », en référence au massacre des protestants, du 24 août 1572 – voir l’allocution d’Alain Leray prononcée lors du 50e anniversaire, pages 10 et 11 du Pionniers du Vercors n°106, novembre 2002.
En cinq jours seulement, vingt-neuf personnes suspectées d’appartenir à la résistance furent interpellées, dix immédiatement abattues ce qui, avec le suicide du docteur Valois, porte le nombre des exécutions à onze patriotes. Quatorze furent déportés. Six ne reviendront pas. La Saint-Barthélémy de la Résistance grenobloise a causé la mort de dix-sept martyrs.
Ce massacre est mentionné dans le décret signé du général de Gaulle qui fait de Grenoble l’une des cinq communes françaises Compagnon de la Libération, décret qui mentionne également le dynamitage de la caserne de Bonne et du polygone d’artillerie. Le général est venu remettre cette décoration à la ville le 5 novembre 44.
« Ville héroïque à la pointe de la résistance française et du combat pour la libération. Dressée dans sa fierté, livre à l’Allemand, malgré ses deuils et ses souffrances, malgré l’arrestation et le massacre des meilleurs de ses fils, une lutte acharnée de tous les instants. Bravant les interdictions formulées par l’envahisseur et ses complices, a manifesté le 11 novembre 1943, sa certitude de la victoire et sa volonté d’y prendre part. Le 14 novembre et le 2 décembre 1943, a répondu aux représailles et à l’exécution des chefs des mouvements de la résistance, par la destruction de la poudrière, de la caserne, de transformateurs et d’usines utilisés par l’ennemi. A bien mérité de la Patrie. »
(Grenoble, Compagnon de la Libération par décret du 4 mai 1944).
La cérémonie commémorative du 78e anniversaire de la Saint-Barthélémy a eu lieu le 25 novembre dernier devant le mur du Souvenir, place d e la Résistance, au Polygone à Grenoble. Elle s’est déroulée en présence notamment d’Eric Piolle, maire de Grenoble, Cécile Cléry Barraud, directrice départementale de l’Onac (Office national des anciens combattants et victimes de guerre), du lieutenant-colonel Thierry Valles, délégué militaire départemental adjoint et de Daniel Huillier, président de l’Association nationale des pionniers et combattants volontaires du maquis du Vercors, familles et amis.