Cinq cérémonies étaient organisées le 4 juillet, autour de Gresse-en-Vercors, au pied des falaises et des pas de l’Est du Vercors. Des classes y ont participé à Gresse et Saint-Guillaume. Un travail de mémoire que l’on doit à la section du Trièves de l’association des pionniers.
C’est un souvenir qu’ils n’oublieront pas; ils sont super impressionnés”. Aurélie Mattras est institutrice à Saint-Guillaume. Une classe unique, du CP au CM2. Ce 4 juillet, elle a emmené ses élèves assister à la cérémonie qui avait lieu devant le monument aux morts, en hommage aux résistants qui furent ici fusillés, le 30 juillet 1944. Ils avaient été pris dans leur tentative de quitter le Vercors, après les combats des pas de l’Est. Sept noms sont inscrits sur le monument qui porte le chamois, insigne des pionniers, les combattants du Vercors. Eliane Paquet, maire de Saint-Guillaume en rappelait l’origine : “en juin 1944, un message codé, ‘le chamois des Alpes bondit’ a été diffusé à la radio annonçant ainsi l’entrée en guerre du maquis du Vercors”.
Une cérémonie dont ces enfants se souviendront et qui aura des suites. “Certains ont une connaissance familiale de ce qui s’est passé ici, commente Aurélie Mattras, mais d’autres l’ignorent; après avoir assisté à cet hommage, ils en parlent entre eux, à la maison; cet ancrage dans la réalité vient compléter ce que nous pouvons dire en classe”. Et c’est important pour l’enseignante : “la mémoire, c’est essentiel pour empêcher que pareille horreur puisse se reproduire, c’est d’actualité”.
L’horreur, la barbarie, la sauvagerie… elles sont palpables lors de chacune des cérémonies qui commémorent ce qui s’est passé fin juillet 1944, au pied des falaises. Comme ce rendez-vous à Saint-Andéol, devant la plaque qui porte le nom de Pierre Sagaspe, professeur de sciences à l’école supérieure de Bourg-de-Péage, dans la Drôme, mort le 31 juillet 1944. En descendant du pas Morta, il fut repéré par les Allemands, blessé par balles et achevé à coups de crosse.
Solange Saulnier, maire de Saint-Andéol, évoquait sa mémoire en rappelant que nombre des résistants qui quittèrent le Vercors par les pas de l’Est provenaient de Romans et du Royans, dans la Drôme. Raison pour laquelle la section du Royans de l’Association nationale des pionniers et combattants volontaires du maquis du Vercors est toujours très représentée lors des cérémonies des combats des pas de l’Est qui se déroulent au hameau de Grisail (commune de Saint-Guillaume), au bourg de Saint-Guillaume, à Saint-Andéol et à Gresse-en-Vercors, devant le monument aux morts puis devant une plaque apposée à l’entrée de la station d’hiver.
Ces cérémonies sont organisées par la section Trièves de l’association des pionniers à laquelle Gérard Chevally notamment apporte un renfort bienvenu. Une section aujourd’hui riche d’une trentaine d’adhérents et qui n’est pas peu fière de compter parmi eux Johan Ceccato, qui va sur ses douze ans. L’arrière-petit-fils de Mirco Ceccato, l’un des pionniers des combattants du Vercors. Johan annonce la couleur : “c’est devenu une passion”, dit-il. Lors des cérémonies, il porte le fanion des pionniers. “J’ai lu beaucoup de livres, des BD, écouté des CD”, ajoute-t-il. Dans son collège, il est une sorte d’ambassadeur de l’histoire de la Résistance, “plein de copains viennent me voir pour en parler”. Il est d’ailleurs l’auteur d’un exposé en histoire – dont il avoue qu’il a fait un bien fou à sa moyenne.
Cet engagement, c’est aussi celui de son grand-père Roger, comme celui de Gérard Chevally. “Nous sommes là pour essayer de faire avancer quelque chose”, disent-ils. Ce qui ne va pas forcément de soi. “Il arrive que lorsqu’un résistant décède, la famille ait envie de tourner la page de l’histoire du maquis”, regrette Roger Ceccato. Mais c’est là que réside la vitalité de l’association des pionniers. “Nous essayons de travailler avec les collèges ou les écoles – cela dépend beaucoup de l’intérêt des enseignants pour le Vercors – et avec tous ceux que cela intéresse.” Dans la commune du Gua, au hameau des Saillans, un travail est en cours avec des passionnés d’histoire qui s’est déjà traduit par la réalisation d’un panneau explicatif.
Une journée de commémorations, ce 4 juillet au pied des falaises. Un travail de mémoire qui poursuit son chemin grâce à l’engagement des membres de l’association des pionniers. Un hommage aux maquisards qui laissèrent leur vie au combat et un message pour les générations à venir. Le maquis a encore tant à dire…