Une randonnée pour faire vivre la mémoire des résistants du pas de l’Aiguille


Première étape pour un projet qui pourrait s’inscrire dans le calendrier des rendez-vous de la mémoire des combats du Vercors. Les 19 et 20 juillet derniers, trois randonneurs ont emprunté le chemin que les résistants rescapés du pas de l’Aiguille ont parcouru le 23 juillet 1944.

Comme une première reconnaissance. C’est que la randonnée a ses exigences : départ sur le coup des dix heures, arrivée vers 19h30. Dénivelée comprise.

Une rando, mais bien plus encore. « Nous avons repris l’itinéraire qu’Albert Darier décrit dans son livre Tu prendras les armes », explique Cécile Gallavardin, l’une des responsables de l’association des Pionniers du Vercors et petite-fille de François Huet, chef militaire du maquis en 44. Le chemin par lequel les résistants rescapés des combats du pas de l’Aiguille ont pu échapper à la mort.

Le projet était d’envergure. Dans le cadre du 80e anniversaire des combats du plateau du Vercors, il s’agissait d’organiser une randonnée partant de Saint-Agnan, au parking de la Coche, pour rejoindre le pas de l’Aiguille, puis redescendre aux Fourchaux, afin de participer aux cérémonies de la nécropole du pas de l’Aiguille puis au monument des Fourchaux qui ont lieu chaque année le 20 juillet. Cette randonnée, empruntant le sens inverse de celui des résistants de 1944, devait rassembler trente personnes, des adolescents et des adultes. Des contacts avaient été pris, avec les pupilles de l’air, avec les classes défense, avec le 1er régiment de spahis de Valence, les élèves du lycée Amblard, ceux-là même qui ont participé aux cérémonies de Vassieux-en-Vercors, le 21 juillet…

La période des congés scolaires ne s’y prêtait guère. « Nous n’avions pas assez d’inscrits, il y avait trop d’impossibilités ; mais ce n’est que partie remise : nous reprendrons le projet probablement au printemps prochain », indique Antoine Huet, petit-fils de François Huet.

D’où la reconnaissance effectuée ce 19 juillet 2024 par trois randonneurs : Antoine Huet, Yvan Zak et Stéphane Piccarreta. Pas inutile, d’ailleurs. Où l’on se rend compte que seules deux sources peuvent étancher la soif des randonneurs sur le parcours, par exemple. Et que la condition physique est un préalable pour aborder la distance.

« On mesure beaucoup mieux ce qu’ont dû vivre les résistants, épuisés par trente heures de combats ; le courage qui était le leur », relève Stéphane Piccarreta. Une immersion qui comprenait non seulement la randonnée depuis Saint-Agnan, mais aussi le bivouac à la grotte du pas de l’Aiguille, lieu de la résistance acharnée face aux troupes de montagne allemandes. Un autre aspect de la résistance dans le Vercors que Stéphane, quant à lui, avait abordé à Sassenage avec la famille de Pierre Dalloz.

Les trois randonneurs ont participé le 20 juillet à la cérémonie du pas de l’Aiguille, puis à celle des Fourchaux (notre photo) en fin de matinée.

Pour autant, c’est bien dans notre époque que s’inscrivait cette initiative. « Il ne s’agit pas du tout de vivre dans le passé et surtout pas de comparer une randonnée avec ce qu’ils ont pu endurer, explique Antoine Huet, mais de donner une dimension actuelle aux commémorations et de faire découvrir le cadre dans lequel se sont déroulés ces événements historiques ».

Yvan Zak, l’un des trois éclaireurs, ne connaissait pas le détail de l’histoire des combats. « C’est important de toucher du doigt la géographie des lieux, ça permet de mieux comprendre la notion de forteresse, de comprendre pourquoi c’est dans le Vercors que tant de résistants se sont retrouvés. »

« Au delà du pas de l’Aiguille et des commémorations qui y sont associées, cette randonnée permettra de mieux faire connaître l’histoire des combats des pas de l’Est, tandis que sont plus facilement sous le feu des projecteurs les attaques allemandes de Saint-Nizier et Valchevrière et l’assaut aéroporté de Vassieux », souligne Cécile GallavardinCes 19 et 20 juillet furent ainsi jours de reconnaissance d’une randonnée qui deviendra peut-être partie intégrante des initiatives mémorielles pour que ne tombe pas dans l’oubli l’histoire du combat du Vercors pour la liberté.

Yvan Zak, Cécile Gallavardin, Antoine Huet, Antoine Gallavardin et Stéphane Piccarreta.