La grotte de la Luire. “ C’est peut-être le moment qui a été le plus fort, dans la journée, là où les élèves ont été le plus touchés par ce qui s’est passé là en 1944. » Jean-Paul Blanc, président départemental de l’Union nationale des associations de déportés, internés et familles de disparus (Unadif), évoque la journée dans le Vercors organisée à l’attention de collégiens du collège Louis Aragon de Villefontaine et de lycéens du lycée Philippe Duchesne de ITEC Boisfleury, le 29 mai mai dernier. Une classe de troisième et des lycéens lauréats du concours national de la résistance et de la déportation.
La grotte de la Luire, Grâce en parle elle aussi dans le compte rendu réalisé par les élèves de sa classe : « lorsque nous sommes allés dans la grotte de la Luire, Jean Paul avait les larmes aux yeux, cela m’a touchée. Ça a été un honneur de déposer une gerbe de fleurs ».
Au cours de cette journée dans le Vercors, les élèves se sont rendus dans les lieux marquants de l’histoire de la Résistance : la nécropole de Saint-Nizier, la cour des fusillés de la Chapelle-en-Vercors, Vassieux avec le mémorial de la résistance et la nécropole, la grotte de la Luire et le belvédère de Valchevrière. Ils étaient accompagnés par Daniel Huiller, président de l’association des Pionniers du Vercors, Didier Croibier-Muscat, secrétaire général de l’association et jean-Paul Blanc, pour l’Unadif. Des dépôts de gerbes ont été organisés dans chacun des lieux visités. « Les cérémonies m’ont fait monter beaucoup d’émotions », écrit Hiba dans le compte rendu de la journée. Et les dialogues ont pu se nouer au fil de la journée entre des élèves curieux d’entendre de vive voix le récit de ce qui s’est passé en ces lieux. „J’ai apprécié les échanges intergénérationnels durant toute la journée autour de la transmission de la mémoire“, note Loïc Sapet, l’un des enseignants qui accompagnait les élèves.
Chaque année, un voyage est organisé à l’attention des lauréats. Au cours des années précédentes, ils ont pu se rendre à l’île de Sein ou à Toulon, avec la visite du camp des Milles. L’organisation du concours a été évidemment bouleversée en ces années de pandémie. La session 2019-2020 a été prolongée d’une année scolaire. Pour que le voyage puisse être organisé en 2021, « il a fallu restreindre le nombre de participants, prendre deux cars pour éviter la promiscuité, nous limiter à une journée…, explique Jean-Paul Blanc, mais nous avons pu marquer le coup », se réjouit-il.
Car Jean-Paul Blanc croit beaucoup à l’importance de ce concours. « Cela permet de travailler avec des enseignants – qui sont volontaires pour cela, avec les heures de travail que cela représente pour eux – et des classes qui approfondissent cette partie de notre histoire ; les élèves pourront transmettre la mémoire. »
L’an dernier, le concours avait pour thème „1940. Entrer en résistance. Comprendre, refuser, résister“. Vingt établissements scolaires y ont participé avec plus de six cents élèves en Isère. Pour concourir, les lycéens composent une rédaction sous surveillance pendant trois heures ; deux heures pour les collégiens de troisième. Les classes proposent un projet collectif. Cette année, la classe lauréate de Villefontaine avait présenté un « immeuble de la Résistance », un ensemble de tiroirs où étaient figurées des scènes évoquant la vie des résistants et les actions entreprises.
Le jury qui départage les candidats est composé d’enseignants et de représentants des associations. Les critères retenus sont la connaissance historique des événements et de leur contexte, la qualité de la présentation du travail collectif, la qualité de la rédaction… et puis l’orthographe, un peu aussi.
Dans les conditions d’un retour espéré à la normale, Jean-Paul Blanc compte cette année sur la participation de nouveaux établissements. Le thème choisi pour l’année 2021/2022 est celui de „La fin de la guerre. Les opérations, les répressions, les déportations et la fin du IIIe Reich (1944-1945)“. Le voyage 2022 est d’ores et déjà construit : les lauréats se rendront au Struthof, le camp de concentration situé en Alsace, près de Strasbourg. Un voyage de trois jours qui les conduira, outre la visite du camp, au fort de Mutzig ou encore à la dégustation d’une choucroute – « il ne s’agit pas non plus de faire du bourrage de crâne », sourit Jean-Paul Blanc.
Les collégiens « ont pris conscience qu’ils étaient des Passeurs de Mémoire et que chacune de leur voix comptera, dans l’avenir, parmi celles qui pourront dire », écrit Marielle Montagne, enseignante à Villefontaine. Dire, il le faudra encore et toujours.
Les lauréats du concours 2019-2021 en Isère
Dans la catégorie « devoir individuel », deux élèves des collèges des Buclos – Meylan et La Salle L’Aigle – Grenoble ont été récompensés. Pour les lycées, les travaux de deux élèves de Philippine Duchesne-ITEC Boisfleury de Corenc ont été retenus.
Dans la catégorie « production collective », le collège Louis Aragon de Villefontaine s’est illustré pour une création originale « l’immeuble de la Résistance ». Les lycéens du lycée Philippine Duchesne-ITEC Boisfleury ont été récompensés pour le roman-audio « Le journal de Sarah ».