Après des années de résistance, la libération de Grenoble, capitale des maquis


Lors des cérémonies commémoratives du 22 août, Daniel Huillier a rappelé le rôle de la résistance dans le départ de l’armée allemande au matin du 22 août 1944. Les armées alliées avaient prévu d’atteindre Grenoble en trois mois ; elles y parvinrent en sept jours.

Le 26 août 1944, la nouvelle traversait la ville, horrifiée. Un charnier venait d’être découvert, au Polygone, duquel était exhumés vingt-cinq corps de résistants suppliciés. Ils avaient été fusillés le 11 août. Une autre fosse commune était mise au jour à proximité. Vingt-trois corps en étaient retirés. Découvertes qui venaient prendre place dans la longue liste des exactions commises par l’armée d’occupation allemande. 840 fusillés, 2000 hommes tués au combat et 1 150 déportés dont la moitié ne sont pas revenus. La ville de Grenoble fut faite Compagnon de la Libération, aux côtés de l’Île de Sein, de Nantes, Paris et Vassieux-en-Vercors.

C’est en ce lieu chargé de lourds symboles que se déroulent chaque année les cérémonies de commémoration de la libération.

Des comédiens du Créac ont lu des textes écrits à partir de témoignages de résistants, dont celui de Daniel Huillier.

Dans la nuit du 21 au 22 août 44, les Allemands quittent la ville devant l’avancée des troupes alliées. Le débarquement de Provence avait eu lieu une semaine avant, le 15 août. Marseille et Toulon n’étaient pas encore libérées.

La résistance prend le contrôle de Grenoble au matin du 22 août et les soldats américains du 143e régiment d’infanterie arrivent par le sud et ce qui sera le cours de la Libération.

Les cérémonies du 22 août se déroulent donc en deux temps, au polygone d’artillerie, sur la Presqu’île, et au Jardin de ville devant la plaque commémorative qui rend hommage aux soldats libérateurs, non loin de l’ancien hôtel de ville et de la rue Montorge où les Américains avaient installé leur QG.

Deux cérémonies auxquelles une délégation américaine de la ville de Phoenix, en Arizona, ville jumelle de Grenoble, a participé sous la conduite de Debra Stark, vice-maire, ainsi que les maires de Vassieux et de l’Île de Sein.

Daniel Huillier, président de l’association des Pionniers du Vercors.

Au Polygone, Daniel Huillier, président national de l’association des Pionniers du Vercors, rappelait combien la libération de la ville faisait suite à une longue série d’actes de résistance. « Dès leur arrivée, les Allemands sont accueillis par l’explosion du fort des 4 seigneurs le 14 septembre 1943. On ne peut ici citer toutes les actions mais les plus emblématiques restent la manifestation du 11 novembre 1943, l’explosion du parc d’artillerie le 13 novembre puis de la caserne de Bonne le 2 décembre », rappelait-il. Des actes de résistance contre l’occupant qui faisaient suite à la lutte contre la collaboration pétainiste : « au 29 août 1943, cent trente-sept bombes avaient sauté chez les miliciens, mouchards et autres collaborateurs. En août 43 toujours, le siège de la Milice et les bureaux du Parti populaire français sont dynamités par Vallier et son groupe, non sans qu’ils aient auparavant récupéré les listes des membres et des dénonciateurs. »

Résistance aux fossoyeurs français de la République qui s’est toujours conjuguée à la résistance contre l’occupant. Résistance dans les maquis également, qui ont ouvert un refuge aux résistants contraints à la clandestinité et aux réfractaires au travail obligatoire en Allemagne, et ont donné à Grenoble le titre de « capitale des maquis ».

Eric Piolle, maire de Grenoble.

Lors de la cérémonie du Polygone, le maire de Grenoble, Eric Piolle, s’attachait à montrer combien le rappel des faits et la connaissance de l’histoire prennent aujourd’hui une acuité particulière. Il soulignait combien les discriminations, la recherche de boucs émissaires, l’antisémitisme, le racisme définissent un projet de société qui n’est pas celui de la République. Et il mettait en cause l’extrême droite, refondée en France par d’anciens collaborateurs, les comportements de candidats du Rassemblement national lors de la dernière campagne des élections législatives, pour rappeler le devoir de transmission des valeurs pour lesquelles sont tombés trop de résistants au nazisme.

Le devoir de mémoire est plus que jamais l’un des moyens d’un avenir fondé sur les valeurs de la République, Liberté, Égalité, Fraternité.

Une cérémonie suivie par un public nombreux.